Nous sommes en quête d’une matière qui puisse, en nous traversant, nous remplir.* 


Qui sommes-nous ? Que faisons-nous ? Pourquoi ? 



Interpellée pendant mes études par les travaux d’artistes comme les autobiographies fantasmées de Christian Boltansky et les portraits en creux d’Annette Messager, les notions d’identité, de corps, de cadre et d’espace sont devenus récurrentes dans mon travail. Par une quête anthropologique de l’Homme, je cherche à nous définir. Où se délimitent notre l’identité ? À notre corps, notre esprit, notre habitat, notre existence ? 


Autant physique que sensible, les limites de mes créations sont mouvantes, se rétractent et s’étendent à la manière d’une respiration. Mise en abime du corps vivant, les mouvements d’expansion et de contraction induisent. L’utilisation du modèle vivant et/ou l’intervention du spectateur comme référence au réel évoque la pluralité temporelle et la multiplicité des espaces possibles. Mes installations immersives brouillent les frontières de l’oeuvre et celles de l’espace d’exposition. Elles transforment  et questionnent le rôle du spectateur en acteur. Il devient composante de l’oeuvre. 



La finitude de nos existences est-elle la mort de notre identité ? Comme enfanter, l’acte de création permet de déborder les frontières de notre altérité, en laissant des parties de nous survivre. Vivre c’est laisser une trace, une empreinte, un héritage. Créer c’est exister.



* «En quête d’une matière qui puisse, en les traversant, les remplir»  La Horde du Contrevent, A. Damasio



Julia Renaudon Weber     .          



Textes de Laurence Fauchart

atelier d’écriture de Sonia Chalbi, Papier de soi

 13 avril 2019


« Tes portraits habillent les murs, ils sont tous de la même taille et traduisent selon les pièces dans lesquelles ils sont accrochés, une humeur différente,

 Part cela la maison est vidée de son mobilier et devient l’ossature de toi, plus présente qu’un fantôme à chaque pas… »



« Cormoran


Au début le temps semble long…

J’égraine les secondes, les mn, les heures dans un chapelet imaginaire qui file entre mes mains,

Mes doigts retenus dans mon dos


Au début je bouge un peu, à demi, en replis, puis je demeure figé dans la même position

Jour/nuit ; soleil/pluie ; saisons…


Mes membres endoloris deviennent petit à petit eux-m^me comme les barreaux de ma prison


On pourrait en lever la boîte qui m’entoure

Que je ne pourrai me déplier

J’en ai éprouvé les contours


Quand on m’a libéré, j’ai rêvé me déployer

Tel un cormoran ayant séché ses ailes mouillées


Aujourd’hui malgré ses années passées,

Je reste voûté

Enfermé, meurtris, coincé dans mes articulations

Verrouillé dans mes chairs et mon intime forcé


Mon corps transformé devenu ma prison

Je suis un corps mourant… »

Laurence Fauchart             .                                  

Démarche & Textes